L’exposition au Palazzo Fortuny rassemble un nombre important d’œuvres photographiques dont une pièce monumentale, une installation vidéo dont le film sera projeté sur un écran composé de plus de 300 miroirs ainsi qu’une sculpture en plomb de grande dimension. Cet ensemble tente, à travers des œuvres qui mêlent émotion formelle et rigueur conceptuelle, de mettre en forme et de déployer à l’infini des systèmes de représentation. Je souhaite ainsi que le spectateur soit troublé par ces déplacements du regard.

Voici un rapide descriptif des œuvres présentées dans l’exposition :

 

Sosein 2004/2005

Pièce photographique monumentale de 16,4 mètres de long sur 4 mètres de hauteur (composée de 216 photogrammes de format 50cm.60cm. Soit au total : 432 photogrammes).

L’ensemble représente, de manière répétitive des empreintes de corps disposées selon un ordre précis. Des modèles femmes et hommes ont posé pour réaliser ces photogrammes. Toutes ces empreintes sont percées à l’aide d’un emboutissoir, ajourant ainsi les feuilles photographiques. Au moment de l’encadrement, une autre feuille représentant un motif de grille a été glissée derrière l’empreinte.

Ainsi, sur le grand mur de gauche en entrant à l’étage du Palazzo Fortuny, le spectateur saisira d’un regard l’ensemble monumental des corps percés et assemblés. La multitude devrait évoquer la force vitale, mais la fragilité des corps sera également ressentie par l’émiettement photographique et par un effet de moirage des images. L’ordonnance de l’ensemble sera également prétexte à réfléchir à la question du motif, de l’imprimé, du décoratif.

Confronté à la multitude, le spectateur pourra ainsi affirmer ou s’interroger sur son appartenance au monde.

 

Macula 2005

Film vidéo de 5 minutes accompagné d’une création sonore de Suzanne Thoma, artiste plasticienne.Projection en boucle sur un écran composée de plus de 300 miroirs (type face à main).

Cette vidéo représente un buste de femme tournoyant sur elle même dans un mouvement dansant. Le montage, image par image, avec retour en arrière d’une image toutes les deux images, tissera un maillage temporel subtil. La projection sur les miroirs démultipliera les formes dans l’espace, incuant ainsi les spectateurs dans l’image.

N.B.: Macula :

  1. Partie de la rétine la plus sensible aux impressions lumineuses.
  2. Maille d’un filet

 

Satori 2004 

Ensemble de 12 photogrammes percés d’épingles en inox.
Formats : 7(60cm.200cm), 1(60cm.250cm), 4(50cm.60cm).

Satori.M2-2004 - (205cm.62cm)Cette série nommée Satori montre plusieurs choses : L’empreinte d’un corps saisi tout d’abord par la lumière grâce à une technique de photogramme, puis redessiné par superposition de plusieurs centaines d’épingles en inox.

Il existe une double lecture possible due à une forme d’interaction de la lumière, qui d’une part absorbe la forme en la fixant sur le papier photographique, et d’autre part, la reflète en la diffractant par le jeu des pointes lumineuses des épingles.

Ce jeu visuel correspond dans mon travail à une interrogation permanente sur les relations entre photographie et sculpture. Ainsi, le spectateur peut se trouver en situation de perte de sens de ce qu’il voit, ou plus exactement pour paraphraser Roland Barthes « en secousse du sens, déchiré, exténué jusqu’à son vide insubstituable, sans que l’objet cesse jamais d’être signifiant, désirable.

Le titre de cette série a donc été inspiré par une citation placée en exergue du livre « L’Empire des signes »  de Roland Barthes publié en 1970. Il est écrit :
Le texte ne « commente » pas les images. Les images « n’illustrent » pas le texte : chacune a été seulement pour moi le départ d’une sorte de vacillement visuel, analogue peut-être à cette perte de sens que le zen appelle un satori ; texte et image, dans leurs entrelacs, veulent assurer la circulation, l’échange de ces signifiants; le corps, le visage, l’écriture, et y lire le recul des signes.

Dans cette citation, seuls « perte de sens » et « satori » n’étaient pas en italiques.

 

Il m’a paru évident que ma série d’images de corps et d’épingles en inox pouvait porter le nom générique de Satori.

 

 

Axe 9 1988

Ensemble de sept éléments superposés.
(Plomb sur contreplaqué, format : 140cm.140cm.330cm ).

Sculpture évoquant une pièce mécanique entraînant dans sa rotation une quelconque machine célibataire.

 

Vitrine 1998/2005

 Ensemble de carnets de recherche, livres, documents et petites pièces photographiques exposés dans une grande vitrine à côté d’ œuvres de Mariano Fortuny.

 

Collaterals events
51 st International Art Exhibition. Venise
Palazzo Fortuny, San Marco 3780
12 juin – 6 novembre 2005

Commissariat  :

Dominique Païni
Assisté de Caroline Bouchard et de Damien Sausset

Organisation :

Ambassade de France en Italie
Alliance Française de Venise
Association Française d’Action Artistique
Galerie Baudoin Lebon

Avec le soutien de :

Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent
Fondazione Antonio Mazzotta

Partenaires :

France Culture
Éditions Léo Scheer
Dominique Belloir-Mirage Illimité
Epson France
Apertura
Microméga
Comil

Prêteurs  :

Collection Hubert Tisal
Collection François Combaud